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Mob-Energy : un coup d’avance sur la recharge électrique

Folie d’étudiants ingénieurs, coup de poker ou bien véritable pari sur l’avenir ? Probablement un peu des trois à la fois. Quasiment dix ans après leur sortie des bancs de l’INSA Lyon, Salim El Houat, Ilyass Haddout et Maxime Roy, ont bel et bien transformé leur projet en réalité. Mob-Energy, société spécialisée dans le reconditionnement des batteries et la recharge de véhicules électriques, compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs, et s’est installée depuis janvier 2024 dans une toute nouvelle usine sur un site industriel à Vénissieux. Plongée dans une success-story ambitieuse et visionnaire avec l’un de ses fondateurs.


L’histoire de Mob-Energy débute par une rencontre entre deux étudiants colocataires, Salim El Houat et Ilyass Haddout, tous les deux en 4ème année de génie mécanique. Passionnés par leur sujet d’étude, ils se lancent à la recherche d’un concept qui permettrait de faciliter la recharge de véhicules électriques. « Notre interrogation du moment c’est : si demain toutes les voitures sont électriques, il faut des bornes de recharge. Est-ce que cela veut dire qu’on aura une borne de recharge par place et est-ce que cela est soutenable ? », explique Salim El Houat. Leur première idée pourtant très innovante est peu opérationnelle : un « Power Truck » capable d’aller déposer des blocs batteries sur la voirie pour permettre aux voitures électriques de s’y brancher et de récupérer de l’autonomie.


De gauche à droite, Sébastien Ricci, Directeur général, et les trois co-fondateurs de la société Mob-Energy, Salim El Houat (CEO), Maxime Roy (COO) et Ilyass Haddout, (CTO).
De gauche à droite, Sébastien Ricci, Directeur général, et les trois co-fondateurs de la société Mob-Energy, Salim El Houat (CEO), Maxime Roy (COO) et Ilyass Haddout, (CTO).  (©Mob-Energy)

Quelques mois plus tard, le concept s’affine : un robot-batterie, baptisé « Bolt » qui se glisse en dessous du véhicule et s’y connecte automatiquement, éliminant toute problématique de construction de points de recharge fixes et sans mobiliser de places de parking. Un pari osé à une époque où ne se vend qu’environ 20 000 véhicules électriques par an dans l’Hexagone, contre 300 000 aujourd’hui. « De toute façon, même si le véhicule électrique ne se développait pas, on avait un coup d’avance en identifiant toutes les problématiques liées aux réseaux intelligents. On croyait fortement à la décarbonation et à l’électrification des usages. En parallèle de cette réflexion-là, on se rend compte que les véhicules électriques ont des batteries et que ces batteries lorsqu’elles ne sont plus utilisées dans un cadre automobile, ont encore de la capacité résiduelle », détaille rétrospectivement Salim. Rejoints par Maxime Roy, étudiant en génie industriel, ils participent à un concours d’innovation organisé par Volvo Trucks avant de développer leur projet au sein de la Filière Entreprendre de l’INSA Lyon pour monter leur entreprise. En juin 2018, les trois amis reçoivent un premier financement de la Fondation INSA Lyon, leur permettant de lancer leur entreprise, de réaliser le premier prototype et de bénéficier de certaines infrastructures, outils et ressources de l’INSA Lyon.


Eiko. Solution dernière génération, sans travaux, pour recharger jusqu’à 25 véhicules avec la puissance d’une seule borne.
Eiko. Solution dernière génération, sans travaux, pour recharger jusqu’à 25 véhicules avec la puissance d’une seule borne. (©Mob-Energy)

Une seconde vie pour les batteries

En 2020, « Bolt » laisse place à « Charles », le robot chargeur autonome, puis, en 2023, à « Eiko » le cube de puissance, deux solutions complémentaires. Avec la première, plus besoin d’une borne devant chaque voiture. Dans les parkings intérieurs « Charles » se plie au planning des demandes de recharges quotidiennes des usagers et va se brancher directement à leur voiture via un boîtier posé au préalable au sol par l’automobiliste. Il se débranche également seul.

« Notre concept et notre vision à nous de la mobilité, c’est de récupérer en énergie exactement ce dont on a besoin ».

 

« Eiko », quant à elle, est la petite sœur de « Charles ». Solution tout aussi innovante, elle naît en 2023 à la suite d’une demande de l’Armée française à laquelle Mob-Energy ne peut alors pas répondre. « On nous a demandés d’installer une solution dans un de leur parking mais en extérieur, or on ne pouvait pas exploiter Charles dans cette configuration.

Du coup on a dû trouver une solution stationnaire », développe Salim. « Eiko » cube de puissance installé hors-sol, relié par un seul câble au réseau, ne nécessite aucune intervention de génie civil et est capable de fournir la même énergie que vingt-cinq bornes traditionnelles.

Autre avantage de ces deux systèmes. Ils sont alimentés par des batteries usagées. « Nous avons un contrat avec Mercedes-Benz Energy qui gère les flux de batteries, avec quelques pourcents de perte d’autonomie. On regarde leur état puis ensuite on les remet dans un nouveau pack batterie et on les réutilise. On ne recycle pas, on fait de la réaffectation », souligne Salim.

 

 

les batteries des véhicules électriques peuvent encore avoir une capacité énergétique suffisante pour être utilisées dans des applications secondaires
Après une première vie dans leur application de traction automobile, les batteries des véhicules électriques peuvent encore avoir une capacité énergétique suffisante pour être utilisées dans des applications secondaires, avant d'être recyclées. Dans son usine à Vénissieux, Mob-Energy pratique la réaffectation en assemblant des packs à partir de modules usagés. (©Mob-Energy)

Garder le cap

« Aujourd’hui, on a toujours des projets de R&D notamment autour des réseaux intelligents avec par exemple le fait de connecter notre cube aux panneaux solaires d’un bâtiment pour stocker de l’énergie qui serait produite en trop. On souhaite également développer une troisième génération du cube qui arrivera l’année prochaine et qui sera plus modulaire et plus léger. On pourrait envisager de l’adapter à des parkings en souterrains ou des besoins plus petits en nombre de points de charge », dévoile Salim.

 

Malgré des perspectives un peu en berne du marché des véhicules neufs électriques en France avec un recul de 3.2% en 2024 par rapport à 2023, et ce après des années de hausse, Mob-Energy garde le cap. « Il reste de nombreux obstacles à relever. Le véhicule électrique est une technologie qui nécessite de l’infrastructure, de nouveaux usages, de nouvelles habitudes qui doivent convaincre tout le monde et cela prend du temps. Il y a aussi une question industrielle, celle de la production en France de toutes ces technologies alors que la Chine a pris une longueur d’avance en la matière », conclut Salim. Mob-Energy électrique



 


"Regarder un atome le change, regarder un homme le transforme, regarder l'avenir le bouleverse. Le monde des hommes est un monde en accélération constante. Dans un univers où tout se transforme si rapidement, la prévision est à la fois absolument indispensable et singulièrement difficile."

Gaston Berger

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